Alors pas de ponts de mai en Indonésie, mais comme ça fait deux semaines que je suis au sec, j’ai eu le temps de bouquiner dans mon hamac pour vous, chers amis.
Laurent Binet : HHhH.
Ca c’était tout à fait passionnant. C’est le récit de la préparation d’un attentat à Prague durant la 2e guerre mondiale, dont la cible est Reinhard Heydrich. Qui est ce M. Heydrich ? Celui qui fut surnommé « le boucher de Prague » ou encore le cerveau de Himmler, directeur de la Gestapo puis responsable de tout un tas de trucs sympas dans l’appareil nazi, notamment la police politique et les services de renseignements du IIIeme Reich. Il est aussi en charge des Einsatzgruppen (les « groupes d’intervention » ou escadrons de la mort) et joue un rôle crucial dans l’organisation de la solution finale. Un type sympa, quoi.
Donc Laurent Binet commence par nous raconter l’enfance de ce brave Heydrich, puis son ascension dans l’appareil nazi, et en parallèle nous détaille la préparation de l’attentat qui conduira Heydrich à la mort en 1942. Tout ceci est sans doute disponible dans un manuel d’histoire sur le IIIeme Reich, mais ce n’est pas ça qui rend le bouquin très intéressant, même si la personne d’Heydrich exerce une sorte de fascination écoeurante tellement on le croirait sorti de l’imagination de Stephen King ou d’un film d’horreur. Vraiment un sale type, pas besoin de vous faire un dessin.
Ce qui rend la lecture passionnante, c’est qu’en parallèle l’auteur nous raconte aussi comment il écrit son livre, pourquoi il veut l’écrire, les affres de la limite en l’Histoire et la fiction, ses voyages à Prague ou ailleurs pour être sur les lieux de l’histoire qu’il raconte, les bouquins qu’il se procure, les entretiens de témoins qu’il lit et relit, la gestation de son bouquin, les doutes, les moments où Heydrich lui file la nausée, etc. Ca rend le tout très humain, très intéressant pour un écrivaillon en herbe comme moi, mais aussi ça permet de voir le livre pour ce qu’il est, un moment d’Histoire romancé mais réel.

Christophe Ono-Dit-Biot : Plonger
Alors ce n’était pas aussi bien que « Birmane », mais j’aime bien son style. C’est encore une histoire d’un amour qui voyage ou plutôt qui au début ne voyage pas trop. Ca vaut surtout le coup pour la dernière partie qui est consacrée à la plongée, et là vraiment c’est bien fait. Il y a du souffle, ça sent les embruns et les frissons, c'est bien rendu. Au final, c'était pas mal.
Amy Tan : Les fantômes de Luling
Celui-là vous pouvez vous en dispenser. Une histoire de famille immigrée et de ses secrets, ce n’est pas haletant, ça traîne en longueur et le style est plat (lu en anglais). Apparemment c'est un best-seller traduit partout, etc. En gros, pas terrible.
Merci de votre attention, la suite au prochain numéro !